Écologie des bioagresseurs des systèmes pérennes tropicaux

Questions de recherche

Date de mise à jour : 3 avril 2012

La gestion agro-écologique des bioagresseurs des cultures pérennes tropicales nécessite une connaissance précise de leur écologie, c’est-à-dire des relations qu’ils entretiennent avec leur habitat, l’environnement dans lequel ils se déplacent et les autres êtres vivants présents.

De par leur diversité physique et biologique, les systèmes de cultures pérennes s’apparentent à de véritables « laboratoires à ciel ouvert », où le fonctionnement des écosystèmes, impliquant des processus écologiques variés, peut être étudié à des échelles de temps et d’espace relativement réduites. Ces processus écologiques représentent autant de leviers sur lesquels il est possible de jouer pour gérer les bioagresseurs et leur impact sur la culture.

Notre action repose sur trois hypothèses de recherche que nous testons sur plusieurs bioagresseurs :

1. La diversité végétale spécifique associée aux cultures pérennes a des effets antagonistes sur l’efficacité des bioagresseurs

Les plantes associées aux cultures pérennes peuvent avoir des effets antagonistes sur les bioagresseurs, comme par exemple favoriser ou prévenir le développement des bioagresseurs. Chez les insectes ravageurs comme le scolyte ou miride, on sait que la diminution de la fécondité est liée à la température,  synchrone ou décalée. Un autre exemple est l’effet antagoniste des arbres d’ombrage associés au caféier sur l’anthracnose des baies du caféier arabica. Suivant les espèces d’arbres associés, la dispersion du pathogène peut être réduite en créant une barrière physique à la pluie mais l’ombre créée par ces arbres peut aussi augmenter la durée de maturation des baies et donc potentiellement la durée de sensibilité des baies à la maladie.

Le bilan de ces effets est donc loin d’être certain. Ce bilan est d’autant plus difficile à dresser que les cultures sont fréquemment attaquées par un complexe de bioagresseurs dont les traits d’histoire de vie diffèrent. La compréhension de ces effets antagonistes sur les bioagresseurs permettra de mieux gérer les associations végétales au sein des systèmes agroforestiers à base de cultures pérennes tropicales.

2. L’étalement dans le temps de la disponibilité de la ressource détermine le développement temporel des bioagresseurs

Le développement des populations de bioagresseurs est intimement lié aux caractéristiques de la plante hôte, en particulier sa phénologie. Dans les zones tropicales, où les conditions climatiques sont relativement stables et peu contraignantes pour les bioagresseurs, l’importance de la phénologie de la plante hôte, qui détermine la  disponibilité en ressource alimentaire pour le bioagresseur, paraît capitale. La vérification de cette hypothèse améliorerait la compréhension du développement temporel des populations de bioagresseurs et aiderait à la formulation d’options de gestion.

3. Les contextes parcellaire et paysager influencent la dispersion et les déplacements des bioagresseurs

La progression spatiale des populations de bioagresseurs dépend de la capacité des espèces considérées à se disperser et aussi de la nature et de la structure du milieu, parcellaire et/ou paysager, dans lequel les individus se déplacent. Notre objectif est d’identifier les caractéristiques des milieux peu propices aux bioagresseurs qui limitent leur progression dans l’espace. La notion d’échelle spatiale est cruciale dans cette approche car les mécanismes en jeu pour des déplacements locaux ou des migrations ne sont pas les mêmes. De même, un changement d’échelle modifie la complexité du milieu de vie d’un bioagresseur, en associant des conditions plus ou moins propices à son développement. Ces changements sont spécifiques aux espèces, ce qui ajoute encore de la complexité.

Date de mise à jour : 3 avril 2012